Les effets sanitaires des combinaisons de polluants chez des populations particulières constituent une préoccupation de santé publique majeure. Des travaux de cartographie croisée des pollutions
sont nécessaires pour dresser le panorama de ces combinaisons, préalable à l’examen des inégalités d’exposition des populations aux pollutions des milieux. Pour apporter un premier éclairage de la double vulnérabilité aux inégalités environnementales et sociales, nous avons conduit une analyse croisée de six types de pollutions des sols et de l’air pour l’ensemble des communes de France métropolitaine en fonction de caractéristiques socioéconomiques des populations. Pour les pollutions de l’air, les données n’étant le plus souvent disponibles qu’au niveau intercommunal, nous avons considéré que le niveau de pollution était homogène au sein d’une intercommunalité donnée. Les sols contaminés sont globalement concentrés dans les villes fortement peuplées, alors que dans le cas des pollutions de l’air, d’importantes disparités territoriales sont observées en fonction des polluants. La construction d’un indice d’exposition multiple (IEM) aux pollutions permet d’avoir une vision synthétique des combinaisons de facteurs de risques sanitaires : les métropoles présentent ainsi un IEM quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Mais l’existence d’effets croisés selon les territoires brouille ce message national. Si au niveau national les ouvriers et les employés semblent nettement surreprésentés dans les communes les moins polluées, ces résultats sont infirmés dans certains territoires où un fort IEM apparaît corrélé à la précarité sociale. Par exemple, dans les zones industrielles, les chômeurs et les ouvriers sont plus souvent localisés dans les communes à fort IEM. Les zones rurales, plus fortement exposées aux pollutions d’origine agricole, sont caractérisées par un niveau de vie médian inférieur de 9 % à la moyenne, un taux de pauvreté plus élevé et une population beaucoup plus âgée.
Source : France Stratégie
Publication : La note d’analyse n° 112
Date de la publication : septembre 2022