En France, 138 000 enfants ou adolescents sont pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance au titre de l’enfance en danger, soit 1,6% des mineurs (Oned, 2015). Si les jeunes entrent dans le dispositif à des âges très variés, tous doivent en revanche en sortir à 18 ans, âge de fin de la prise en charge légale, ou à 21 ans maximum s’ils obtiennent un contrat jeune majeur. Ils sont alors mis dans l’injonction d’être « autonomes », c’est-à-dire qu’ils doivent subvenir eux-mêmes à leurs besoins et ne peuvent plus dépendre de l’ASE pour se loger. À partir des données de l’enquête ELAP (Étude Longitudinale sur l’accès à l’Autonomie après le Placement) et d’entretiens qualitatifs, cet article explore les modalités et le vécu de la sortie de placement sur le plan résidentiel. Alors que les jeunes ont souffert précocement de la précarité résidentielle, l’expulsion programmée de l’institution inscrit l’insécurité dans l’espace qui était censé constituer pour eux un refuge, ce qui est source de stress et d’angoisse. D’autre part, l’intégration du marché immobilier s’effectue de façon inégale. Ceux qui ont accepté de jouer le jeu de l’institution et ne sont pas sortis du circuit institutionnel réussissent à intégrer les meilleurs hébergements, puis un logement autonome. Au contraire, les jeunes les plus « abîmés », qui ne parviennent pas ou ne souhaitent pas se plier aux contraintes institutionnelles, sont les plus exposés à la précarité résidentielle à la sortie.
Source : Ined
Publication : Documents de travail, n°244
Date de la publication : octobre 2018