La sociabilité hors du groupe d’origine est un vecteur important d’intégration à la société d’accueil pour les populations d’origine étrangère. Or il est probable que des difficultés prolongées pour trouver un emploi poussent certains à adopter une attitude de repli communautaire ou diminuent leurs opportunités de rencontre hors du groupe d’origine. À partir des données de l’enquête française TeO [2008], nous évaluons dans quelle mesure être durablement éloigné de l’emploi influence la sociabilité hors du groupe d’origine pour les travailleurs d’origine étrangère. Notre stratégie économétrique est basée sur l’utilisation, comme instrument, du fait d’être victime d’une fermeture d’entreprise ou d’un licenciement collectif.
Les résultats indiquent qu’être au chômage depuis au moins un an augmente de plus de 40% la probabilité d’avoir au moins la moitié de ses amis de la même origine. Il n’est toutefois pas possible de savoir dans quelle mesure ce résultat est dû à une évolution des préférences ou des opportunités de rencontre des individus.
Cette étude met en évidence un resserrement de la sociabilité liée au chômage de longue durée pour les populations d’origine étrangère vivant en France. Ce résultat s’inscrit dans la littérature sur l’intégration des immigrés et de leurs descendants au pays d’accueil ; il est également lié aux recherches récentes étudiant la façon dont l’identité sociale des individus se forme en fonction du contexte économique.
Source : Dares
Publication : Document d’études, n°2018-218
Date de la publication : mai 2018